Anne-Marie Duval

Je suis directrice de recherche (du ministère de la transition écologique) en poste à Université Côte d Azur, au laboratoire Geoazur.

Quelle est ta formation scientifique ? 

J’ai d’abord été attirée par les sciences physiques et j’ai suivi une formation universitaire dans ce domaine. Ca m’a beaucoup servi pour la suite. Puis j’ai découvert qu’on pouvait étudier notre belle planète Terre à l’Université. Le rève. Alors je me suis lancée dans un parcours en « Geoscience et Géotechnique », puis en « Géophysique Appliquée ». Plus tard, j’ai soutenu une thèse en sismologie. Etre une scientifique pour moi, c’est aimer comprendre et c’est se former toute sa vie.

Quelle est ta spécialité scientifique  ? 

J’ai longtemps travaillé sur l’aléa sismique. Le but était de comprendre « pourquoi ? » et « comment ?» certains terrains peuvent amplifier les effets d’un séisme. On appelle cela les « effets de site ». J’ai testé et mis au point une méthode rapide basée sur l’enregistrement de bruit de fond sismique. Ensuite, j’ai travaillé sur la façon de prendre en compte les séismes dans la construction. J’ai participé à la mise au point de scénarios de crise sismique, qui déclenchent d’autres aléas et qui nécessitent d’évaluer aussi la vulnérabilité des territoires.

Que sais-tu de l’histoire la Mer d’Alboran à travers ta spécialité ? 

Je sais que la mer d’Alboran subit actuellement de fortes contraintes tectoniques dues au rapprochement des plaques qui glissent l’une sous l’autre. Ces contraintes génèrent des séismes. Il y a beaucoup de petits séismes d’ailleurs dans la zone où nous naviguons en ce moment, face à la baie d’Al Oceima. Samedi dernier il y a eu un magnitude 3,9. Nous n’avons rien senti sur le bateau. Mais les gros séismes peuvent provoquer des tsunamis sur les côtes méditerranéennes. 

A quelle question veux-tu répondre dans cette mission ? 

Est-ce qu’on peut trouver dans le sous sol de la mer d’Alboran des traces de seismes et de grands glissements? Que peut on dire sur la fréquence et l’intensité de ces évènements naturels au cours du temps ? Est-ce que cela nous permet de décrire une tendance ? Comment peut on améliorer notre estimation de l’aléa et du risque pour les populations qui vivent à proximité ?

Comment vas tu t’y prendre pour répondre à cette question ? 

Une partie des réponses aux questions « tectoniques » est donnée par les profils de sismique réflexion. C’est pourquoi nous sillonnons certaines zones en particulier quand nous savons qu’elles contiennent des failles. Ensuite, les prélèvements de sédiments et leur analyse permettent de dater les dépôts et de reconstituer l’histoire la plus récente de la mer d’Alboran.

Qu’est-ce qui te plaît dans ce métier ?

Contribuer à comprendre ce qui se passe sous nos pieds et comment se forment les montagnes et les mers de notre petite terre, ca me fascine ! On apprend des choses à l’école et dans des livres. Et puis quand on est curieux, on contribue soi- même à construire ces connaissances. La science évolue grâce à la communauté scientifique tout autour de la terre, une immense intelligence collective. Participer à ce mouvement est exaltant et toujours étonnant pour moi. Etre en campagne, récolter des données, à terre comme en mer, c’est très important pour les scientifiques qui vont traiter ces données en connaissant les conditions de collecte. Ce sont souvent des moments intenses, partagés avec des collègues de l’autre bout du monde. Salut à tous ! 

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